dimanche 16 avril 2023

Stage de Yoga dans le Vercors été 2023

 

Le rôle des bandha dans l'éveil de la Kuṇḍalinī



Le terme Kuṇḍalinī est souvent nimbé de mystères et de fantasmes surtout dans notre culture occidentale.

Nous allons aborder dans ce stage ce qu'est philosophiquement la kudalini, sa symbolique mais aussi et surtout comment l'activée dans la pratique grâce notamment aux bandhas (verrous, sceaux énergétiques) qui s'échelonnent du bas vers le haut de la colonne vertébrale.

Les 4 bandha principaux seront étudiés ainsi que certains mudrā (synonyme de bandha ).

Il y aura aussi des enchaînements, postures, pranayama, mantra et méditation.

Une pratique exigente mais adaptable à chacun grâce à de nombreux ajustements, une pratique qui permet un accès à une plus grande conscience d'être, le tout dans le partage et la simplicité.


Dates : du samedi 29  au mardi 1er août


Horaires :10h à 12h30 et 15h à 17h30


Tarif : 190 €, 80 € à l'inscription.

 


 



samedi 7 janvier 2023

La symboliqueet la pratique de la posture de Śivanaṭarājāsana dans la pratique du Haṭha yoga

 

La symbolique et la pratique de la posture de Śivanaṭarājāsana dans la pratique du Haṭha yoga




Le Yoga n’est pas une gymnastique ni même une activité de détente, mais une discipline philosophique et spirituelle où le pratiquant, tel un « chamane », s’approprie les forces symboliques des postures qu’il pratique. Ces postures (Āsana) peuvent être issues du monde animal, du règne végétal, de figures héroïques, de dieux ou d’éléments du cosmos.



Pour Goraksha , fondateur historique du Haṭha yoga , « il y a autant de postures qu’il y a d’êtres vivants ».

Dans l’immense panthéon des postures (Āsana) du Haṭha yoga (Yoga de l’effort ardent), difficile donc d’en extraire une plus que les autres. Mais la posture emblématique du danseur Śivanaṭarājāsana est comme un totem qui représente bien toutes les qualités requises au Yogi ou à la Yogini pour progresser dans la pratique. Il faut à la fois la force nécessaire dans la pratique (sthira) avec un ancrage physique et une concentration sans faille mais aussi la grâce et l’aisance (sukha) aussi bien que le lâcher prise mental pour faire surgir toutes les propriétés énergétiques et symboliques de la posture.Il y a plusieurs variantes de cet équilibre comme souvent pour les postures et qui diffèrent selon les lignées ou écoles. Après tout, peu importe, car ce qui compte le plus c’est la dynamique intérieure. Nous allons nous référer à la représentation la plus connue que l’on voit très régulièrement en statue de bronze et photo ci-dessous.

La danse fait partie de l’héritage humain depuis des temps immémoriaux qui évoquent des danses près ou autour du feu. En Inde, elle existe même avant l’homme puisque Śiva, le danseur qui porte un petit tambour (damaru) dans sa main droite, initie la danse cosmique qui fait naître le monde. Dans sa main gauche, une flamme symbolisant la dissolution du monde.

Dans la représentation de la posture qui est donc une statue ou une illustration très courante en Inde, de son pied gauche, Śiva écrasé Apasmāra le démon de l’ignorance . Et de son pied droit il indique l’immensité du cosmos. Le cosmos en grec, c'est l’ordre , ce sont aussi les lois de la vie.

Śiva est la divinité qui représente l’énergie de dissolution qui va permettre la régénérescence.

Chaque fois que la posture est pratiquée, elle est nouvelle, différente selon son âge, son corps, son attitude mentale, émotionnelle etc…il y a sans cesse cette dynamique de renouvellement.

Et puis en écrasant le démon Apasmāra, Śiva nous invite a écrasé notre ego. Il n’y a rien de plus éclairant que les postures d’équilibre pour savoir humblement accepter les limites du moment. Être dans l’instant est de rigueur et surtout s'ajuster en permanence.

Bien entendu, lorsque la posture est stable et que le lâcher prise surgit, l'élan vers le cosmos et son équilibre aussi puissant que fragile s’installe dans notre être l’instant d’un souffle.

Pour aider le pratiquant à stabiliser la posture, il y a évidemment le regard qui peut se fixer au sol et le souffle calme et régulier, mais aussi la concentration sur Anāhata l’espace du cœur, le centre énergétique du Yogi qui coïncide avec la source universelle, et même Hridaya , le cœur du cœur, ce qui demeure en nous.

Peu importe si on ne peut pas lever complétement la jambe du sol, juste tenir sur un orteil et vivre intensément la posture à tout autant d'impact.

Dans sa version statue, il y a un cercle de flamme derrière la figure dansante de Śiva.

« Ce cercle semble avoir pour centre le cœur, symbolisant la pulsation du cœur conscience » (Colette Poggi).

Dans la posture, nous prenons Jnana mudrā , geste (sceau) de la sagesse ou connaissance. L’index et le pouce sont liés. Le pouce représente Brahmā et l’âme universelle et l’index l’âme individuelle. De plus, le cercle représente la perfection, ce qui n’a pas de commencement ni de fin.

Bien entendu, il faudra pratiquer la posture de chaque côté. D’abord installer les bases physiques : genou légèrement fléchi, force dans la jambe, jnana-mudra, alignement de la colonne. Les effets sont multiples : renforce le quadriceps, développe la proprioception, stimule les articulations des genoux et chevilles, redresse la colonne.

Puis développer une stabilité mentale : placement du regard, stabilité du souffle. Les effets : ralentissement du système nerveux sympathique, meilleur concentration, développe la connaissance de soi et l'humilité.

Pour enfin laisser se développer toutes les nuances que nous venons d’évoquer (danse de la vie, conscience-énergie, régénérescence…) qui nourrissent l’être du plan le plus grossier vers le plan le plus subtil. « Les pieds sur terre pour mieux bondir dans les airs » comme disait le peintre Mirò.

Voilà comment d’une « simple » posture de Yoga peut surgir tout un monde, toute une mythologie, des gestes ancestraux qui perpétuent les lois du cosmos ou le corps humain devient une analogie de cette immensité.



« Je ne pourrai croire qu'en un Dieu qui saurait danser ».

Nietzsche, Ainsi parla Zarathoustra






vendredi 2 décembre 2022

Les étapes de la méditation dans le Haṭharājayoga

 

         Les étapes de la méditation dans le Haṭharājayoga





Dans la pratique du Haṭhayoga contemporaine, la pratique de la méditation n'est pas toujours une évidence dans de nombreux cours. Peu de gens finalement savent que la méditation est le couronnement de la pratique. Il serait d'ailleurs plus juste de parler de Haṭharājayoga.

Le rājayoga est considéré dans les textes médiévaux comme « la voie royale » et le sommet du Yoga (l'encyclopédie du Yoga, Ysé Tardan Masquelier).

La Haṭhapradīpikā (la lumière sur le Hatha) écrit par Svâtmârâma, un des textes référents sur la pratique du Haṭhayoga se découpe en quatre chapitres. Le premier est consacré aux postures (āsana ) et à quelques conseils nutritionnels, le second à la pratique du prāṇāyāma (la maîtrise du souffle vitale), le troisième aux bandha (verrous, sceaux ,ligatures) et le quatrième aux différentes étapes et états de la méditation (dhyāna). Ce dernier chapitre est le plus fourni, ce qui nous démontre que la pratique de l'époque est loin d'être une pratique simplement corporelle. D'ailleurs la majorité des postures décrites dans le premier chapitre sont des assises.

Par conséquent le Haṭhayoga nous emmène sur un chemin qui utilise le corps comme temple spirituel pour aller vers la méditation et l'état de samadhi (absorption, enstase).


Nous allons maintenant voir les étapes proposées dans cette pratique méditative.

Tout d'abord il y a la conscience du mental agité (ksipta). L'Inde décrit le mental de l'homme tel un singe ivre piqué par un scorpion qui a peur de la mort ! C'est dire le niveau d'agitation et de dispersion de notre être. Le singe symbolise bien cette attitude. On peut voir en Inde de nombreux singes passer d'un arbre à un autre, d'un bâtiment à un autre à toute allure avec ce sentiment de frénésie et d'agitation. Alors si en plus, il est ivre et en danger de mort !

Donc il s'agit d'abord de prendre conscience de cet état et de vouloir le transformer, c'est là que le Yogi ou la Yogini utilise la seconde étape qui est dhāraṇā c'est à dire la concentration. C'est une attention volontaire qui doit permettre de passer de l'agitation à une concentration précise sur un objet, le Haṭharajayoga utilise plusieurs moyens (upāya) pour développer cette attitude comme le souffle, les sons, les visualisations.

Il y a dans dhârana une volonté de la personne qui disparaît dans la prochaine étape qui est dhyāna la médiation qui donnera le terme Ch'a en Chine et Zen au Japon. C'est le « non-effort », le « laisser-faire ». « L'état de méditation est une attitude contemplative, celle d'un observateur passif qui est pleinement lucide mais non-agissant (Boris Tatzky, le souffle énergie du Yoga). Les turpitudes du mental disparaissent mais dès qu'elles ressurgissent cet état disparaît.

Voici la définition de la méditation selon la Haṭhapradīpikā, la petite lumière sur le Yoga.

« Nulle pensée d'un objet extérieur, nulle pensée d'un objet intérieur. Ayant rejeté toutes les pensées, on ne doit penser à rien. » (HYP, 4.57).

C'est le lâcher-prise qui va permettre ce passage de dhârana à dhyâna.

Enfin cette pratique intense de la méditation peut nous emmener vers samādhi , un état d'unité d'une pure conscience énergie, un retour primordial vers la source de vie.

« Comme un grain de sel jeté dans l'eau se mélange et ne fait plus qu'un avec l'eau, une similaire unification du manas et de l'Ātman est appelé samādhi. » (HYP.4.5).


L'Ātman c'est ce qui demeure en nous, c'est le vestige de la conscience énergie qui était là avant et sera là après et qui réside au cœur de chacun.

Il y a de nombreuses traditions religieuses et spirituelles qui décrivent cet état de conscience profond, le Haṭharājayoga popose une doctrine, une voie pour retrouver cet état primordial que cherche à retrouver le Yogi de son vivant et lorsqu'il va quitter son enveloppe physique.


Nous avons pu voir que non seulement la méditation avait sa place dans la pratique du Haṭhayoga mais que de surcroît, elle en était l'apogée. Elle est décrite avec une grande précision dans les textes sacrés concernant les divers états et étapes pour accéder à un état d'unité.

De nombreuses pratiques modernes de la méditation comme la pleine conscience découlent de cette héritage du Haṭharājayoga mais on a souvent appauvri la profondeur d'une telle pratique en voulant la déconnecter de ses racines spirituelles et/ou religieuses. Pourtant une des définitions du mot Yoga est l'union. Le terme Yoga vient de la racine Yuj soit le joug ou l'attelage, donc ce qui relie ou union. Il s'agit d'une union au divin dans une Inde immergée dans le sacré, ou plus prosaïquement de se relier à la source de vie.

Et si on ne donne pas une dimension et orientation forte à cette pratique, le pratiquant ne devient-il pas un simple robot qui entraîne fadement son esprit, à être dépendant des injonctions de la société moderne comme être rentable au travail, être un bon parent, réussir son couple, ne plus être stressé etc…?

Il me semble nécessaire de redonner ses lettres de noblesse à la pratique du Yoga en utilisant une pédagogie précise et évolutive et en rappelant le message initial de sa philosophie qui est l'état d'unité tout en le contextualisant à notre vie occidentale.


Nicolas Lespinasse